Un nouveau colonel pour la base

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Source : canalc.be ©


Remise de commandement 11 juillet 2019

- Interview croisé

Philippe Goffin (droite) prendra la succession de Didier Polomé (gauche). - G.F.
Philippe Goffin (droite) prendra la succession de Didier Polomé (gauche). - G.F.
Philippe Goffin (droite) prendra la succession de Didier Polomé (gauche). - G.F.
Philippe Goffin (droite) prendra la succession de Didier Polomé (gauche). - G.F.

Un nouveau patron pour la base aérienne de Florennes

Ce jeudi, la base aérienne de Florennes change de patron. En effet, après trois ans à son commandement, le colonel Didier Polomé s’en va vers d’autres horizons. Il travaillera pour l’OTAN aux États-Unis. Son successeur, et 26e chef de corps de la base aérienne, se prénomme Philippe Goffin. Il vient tout droit de la base de Beauvechain dans le Brabant wallon où il était commandant de l’unité de sécurité Aérienne. Ce jeudi, aura lieu la remise de commandement, des clefs et des secrets de la base. Rencontre avec l’ancien et le nouveau chef de corps.


Le Colonel aviateur Didier Polomé

Après trois ans à la tête de la base aérienne de Florennes, que retenez-vous ?

 

C’est l’expérience humaine qui m’a le plus marqué. On a 1.200 personnes avec 1.200 expériences différentes, 1.200 facettes. J’ai pu rencontrer des hommes et des femmes de bonne volonté et où personne ne vaut plus qu’un autre et où on a besoin de tout le monde pour atteindre les objectifs, pour faire tourner la base aérienne.

 

Quel est votre meilleur souvenir de ces trois ans ?

 

Tout est un bon souvenir. Tout ne va pas toujours comme on veut, c’est sûr, mais c’est là qu’est toute la richesse du relationnel. Je m’étais fixé des objectifs et ils sont majoritairement atteints. Et ce n’est pas l’œuvre de quelques militaires, mais d’un esprit de groupe. Je sors de ces trois ans en étant un autre homme, je me suis enrichi. Je suis quelqu’un d’idéaliste et dans chaque projet, je me suis rendu compte que l’aspect humain était très important. J’ai aussi découvert le folklore, par exemple (il a marché à la Saint-Pierre de Florennes et Morialmé NDLR)

 

Vous avez lancé des projets tels que les Aviation Days, des journées ouvertes aux écoles…

 

Ce n’est pas uniquement moi. Je me suis toujours senti soutenu dans ce que je proposais. Et si ça n’allait pas, on changeait. Les

Aviation Days se sont développés petit à petit, ils sont le fruit d’une idée lancée sur un coin de table à l’aérodrome de Cerfontaine. Aujourd’hui, ils ont atteint la bonne taille. C’est important de s’ouvrir. Il y avait aussi ce faux-débat de la fermeture de la base aérienne quand je suis arrivé. Je n’y ai jamais cru, mais il a fallu en tenir compte et le défendre.

 

Si vous aviez un seul mauvais souvenir à pointer ?

 

Je suis quelqu’un de positif. Je dirais que le défi à relever a été de changer certaines habitudes de travail. Et cela, ça dépend aussi de la volonté des autres. Certains m’ont fait confiance, par exemple dans l’exploitation de nouveaux outils pour augmenter l’efficience, et ils sont revenus vers moi en disant, finalement, vous aviez raison. D’autres n’y croient toujours pas (rire).  Inévitablement, on ne peut pas passer à côté de l’accident d’octobre 2018.

 

Vous êtes en mission à l’étranger, on vous appelle, comment réagissez-vous ?

 

Ça a été de prendre les premiers renseignements et de rentrer rapidement en Belgique. Heureusement, je n’étais pas seul, ce qui a permis de discuter dès le départ avec quelqu’un. Il y a eu une véritable remise en question. En étant responsable de la base, j’étais également responsable de cela. Il fallait que je me fasse ma propre idée, écouter les gens de la base, il fallait avoir des faits établis et ne pas se précipiter dans une communication. Il a ensuite fallu tirer les leçons de tout cela et prendre des mesures pour que cela n’arrive plus.

 

À quelques jours de votre départ vers Norfolk en Virginie (États-Unis), comment vous sentez-vous ?

 

Les valises sont prêtes. Mais j’ai encore beaucoup de choses à terminer et je n’ai pas trop le temps d’y penser. Je n’ai pas encore le blues. Le gros coup dur, ça a été la semaine dernière, quand j’ai effectué mon dernier vol en F-16. En tant que pilote, c’est une partie de notre identité qui s’en va. C’est comme un Marcheur qui arrête et qui devient spectateur.

 

Vous voilà presque général au sein de l’OTAN, quel sera votre job là-bas ?

 

Je serai adjoint du chef de l’état-major pour tout ce qui concerne la stratégie des plans à élaborer pour les cinq ans et plus à venir. Pour savoir à quoi ressemblera l’OTAN à l’avenir. Mais ce n’est pas tout, il y aura aussi un travail sur les besoins de l’OTAN et de chaque pays pour se défendre et ainsi garder la paix, comment réagir et dissuader les adversaires, définir les capacités et les objectifs, participer au consensus avec chaque pays en fonction des revenus, des possibilités. C’est très délicat parfois.

 

 En quelques mots

 

> Didier Polomé est marié et papa de deux enfants. Il est originaire du Brabant wallon.

> En 1997, il a rejoint la 350e escadrille de Florennes avec laquelle il participe aux opérations de l’OTAN au-dessus de l’ex-   Yougoslavie. Il en deviendra le commandant en 2007.

> Il a coordonné la mission de police de l’air à l’État-major aérien de l’OTAN à Ramstein.

> Il a aussi contribué à de nombreuses missions en Afghanistan, Libye, Mali…

> Il a également suivi plusieurs formations aux États-Unis.

> 2.400 heures de vol à son actif

Le Colonel aviateur Philippe Goffin

Ce jeudi, vous prendrez les commandes de la base aérienne de Florennes, quel est votre sentiment ?

 

Je suis impatient oui. Cela fait un moment que j’attends. Je pense qu’il y a une bonne équipe et puis je retrouve des têtes connues puisque c’est ici que j’ai commencé ma carrière. Et puis, c’est déjà la troisième fois que je succède à « Polom », les deux précédentes fois, c’était au sein de la 350e. Et puis, c’est un sentiment de grande joie de retravailler dans l’opérationnel. Il me faudra un petit temps d’adaptation, mais je suis confiant.

 

Justement, vous venez de la base aérienne de Beauvechain, qu’y faisiez-vous ?

 

J’étais commandant d’une petite unité qui s’occupe de la prévention et des enquêtes des accidents aériens de la Composante Air. J’ai, par exemple, travaillé sur le rapport de l’accident d’octobre. Ici, cela va être complètement différent, même si je vais travailler dans la continuité de ce qui a été fait. Pas question de tout révolutionner. On peut donner des

orientations, mais pas un grand tournant.

 

Quels seront selon vous les grands défis à relever durant ces trois ans de mandat de chef de corps ?

 

Le calendrier est presque fait (rires). En juin prochain, nous aurons une évaluation de la part de l’OTAN. Ils évaluent plusieurs

critères de préparation, qualification, organisation… Il faut s’y préparer. Nous serons une fois encore en QRA (Quick Reaction Alert) et en mission de police de l’air. Il y aura aussi la préparation de l’arrivée des F-35 (en 2025), les cahiers des charges, les infrastructures les plus adaptées à définir. Je ne les verrai sans doute pas. Il y aura également des aménagements pour le drone qui arrivera en 2023. Et enfin, en 2021, nous accueillerons l’airshow de la force aérienne, un gros événement qui se prépare longtemps à l’avance. Et puis, il y aura les événements plus ponctuels, les campagnes de recrutement, les ouvertures au public, les relations avec le voisinage, tout cela en plus du quotidien.

 

Y’a-t-il en particulier quelque chose qui vous tient à cœur ?

 

Effectivement, la sécurité aérienne de par ma précédente fonction influencera mon commandement pendant les trois années à venir. L’accident est quelque chose qui malheureusement arrive, mais il faut mettre tout en place pour l’éviter. Il y a déjà quelques actions qui ont été mises en place, il faudra continuer dans ce sens. C’est un job différent avec des orientations plus générales et moins de l’expertise.

 

Pensez-vous déjà à l’après-Florennes ?

 

Non pas du tout. J’ai déjà une carrière formidable avec des opportunités qui se sont présentées avec des fonctions différentes.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans une carrière dans la Défense et la composante air ?

 

Quand j’étais enfant, j’habitais non loin de Bierset, on voyait les mirages passer, ça a sans doute influencé. J’ai aussi de la famille qui pratique le planeur… Ça a peut-être renforcé mon attirance.

 

En quelques mots

 

> Philippe Goffin est marié et papa de trois garçons. Âgé de 48 ans, il vient du Brabant wallon.

> En 1998, il a rejoint la 2e escadrille de chasse de Florennes avec laquelle il participera aux opérations en ex-Yougoslavie.

> Il a été responsable des essais en vol du F-16 et des avions d’entraînement. Il sera également pilote test en Californie pour le F-16.

> Il a été commandant de la 350e escadrille de Florennes en 2011 où il prendra la tête du détachement à Kandahar Afghanistan).

> En 2015, il est devenu commandant de l’Aviation Safety Directorate à Beauvechain.

> 2.900 heures de vol au compteur


Source photos et interview : Gwendoline Fusillier ©