Quel est le but de votre visite aujourd’hui et qu’espérez-vous retirer de ces échanges avec les candidats et les cadres ?
Pouvoir discuter ouvertement avec les cadres et les candidats. Quand nous sommes au quartier, nous leur apprenons le respect de l’autorité et, s’ils nous voient, c’est qu’il y a potentiellement un problème disciplinaire. Ici, le but est de démystifier ce ressenti en montrant qu’un lien peut aussi exister avec les cadres, les autorités et les candidats en dehors d’un cadre administratif. Dans une situation un peu plus compliquée et moins confortable, c’est toujours un plaisir de voir que des personnes sortent de leur bureau pour venir les voir et discuter avec eux. Je me rappelle, quand j’étais jeune, ça me faisait plaisir de voir des cadres qui nous portaient un peu d’attention. Ces derniers temps, le programme de l’unité a été un peu chargé et j’ai dû me concentrer sur d’autres points importants. Maintenant que ça s’est un peu calmé, ça me tenait à cœur de venir voir les candidats de la PIM sur le terrain.
Quelles sont vos premières observations concernant le déroulement de la PIM et comment percevez-vous l’attitude générale des candidats ?
Mon impression principale pour le moment, c’est l’étonnement de voir que l’on a quand même 50 % d’attrition depuis le début, alors que je pense que l’on a des cadres qui sont expérimentés, qui connaissent leur travail et qui ne sont pas dans l’abus. Cela soulève peut-être un problème générationnel ou de sélection, je ne sais pas. Je pense que, pour l’instant, les difficultés n’ont pas été tellement élevées, ils n’ont pas été tant que ça dans l’inconfort, ce qui soulève certaines questions. En ce qui concerne l’attitude des candidats avec qui j’ai pu m’entretenir, ils ont l’air d’être bien à leur place et de savoir ce qu’ils veulent. Ils m’ont également confié que l’arrêt de certains candidats n’a pas été une surprise pour eux, car on sentait depuis le début de la PIM qu’ils n’avaient pas la fibre ou la motivation suffisante. En tout cas, les candidats restants me semblent tous motivés pour aller jusqu’au bout. Ils apprécient ce qu’ils font et comprennent pourquoi ils le font.
Quelle est l’importance du bivouac dans la formation des candidats et qu’est-ce que cet exercice enseigne aux futurs militaires ?
Cela fait partie de la formation de chaque militaire d’évaluer sa capacité à vivre dans des circonstances hors de sa zone de confort habituelle. Nous ne ferons pas tous des bivouacs, même en opération, mais qui peut le plus peut le moins. Le fait de pouvoir ressentir un peu cette difficulté et de rester opérationnel et motivé, même en dormant
dans une petite tente où il fait froid et humide, prouve aussi qu’au niveau moral, on pourra plus facilement sortir de sa zone de confort le jour où ça sera nécessaire. Ce n’est pas seulement lié au monde fantassin ou de la Force Protection, il s’agit aussi de montrer que chaque militaire qui entre en opération loin de chez lui n’aura pas forcément ce qu’il veut pour manger et devra accepter ce qui est servi ou les conditions de logement sur le théâtre. Ici, le bivouac permet un peu de faire découvrir aux candidats ce côté « difficulté de terrain » ; c’est comme un test pour savoir s’ils auront cette capacité à sortir de leur zone de confort.
Un mot à donner aux candidats actuels, mais aussi aux futurs candidats ?
Oui, c’est le message que j’ai fait passer à ceux avec qui j’ai pu discuter tout à l’heure : malgré la fatigue et l’inconfort, il faut toujours garder à l’esprit que tout ce qui est fait ici, a une utilité. Peu importe la spécialisation qu’ils choisiront, le dénominateur commun pour chaque militaire est de pouvoir se protéger et de protéger ses collègues. En effet, quelle que soit la spécialité, même un technicien qui se retrouve sur un théâtre d’opérations, comme cela a été le cas en Afghanistan, où tout peut arriver, doit rester lucide, se protéger, apporter les premiers soins et communiquer rapidement aux forces de sécurité ce qu’il observe. Ce sont tous des exercices appris ici, qui pourraient servir dans un cadre opérationnel plus tard.

