23 juin 2025
Ce jeudi 19 juin 2025, la nouvelle exposition du Musée Spitfire https://www.museespitfire-florennes.be/ sur la base de Florennes a ouvert ses portes. Son thème : le vol supersonique et le rôle qu’a joué la base de Namur dans ce défi pour la Force Aérienne Belge (FAé).
Le vol supersonique a rapidement suscité l’intérêt des militaires, car sa vitesse offrait des avantages cruciaux en matière de sécurité, de supériorité tactique et de modernité. La capacité d’un avion à dépasser la vitesse du son lui permettait d’échapper plus facilement aux systèmes de défense ennemis et de réduire le temps de réaction lors d’une interception. La vitesse du son est définie comme Mach 1, soit l’équivalent de 340 mètres par seconde ou 1 234 km/h à basse altitude.
Le 14 octobre 1947, le pilote américain Chuck Yeager entre dans l’histoire de l’aviation en
devenant le premier humain à franchir le mur du son. Aux commandes du Bell X-1, un avion expérimental à propulsion fusée, Yeager atteint une
vitesse de Mach 1,06 (environ 1 299 km/h) à une altitude de 13 700 mètres au-dessus du désert de Mojave, en Californie.
Le 19 novembre 1953, le Major Aviateur Remy Van Lierde et le Capitaine Aviateur Yves Bodart de la FAé franchissent à leur tour le mur du son au-dessus de l’Angleterre, à bord de Hawker
Hunters. Ils y étaient pour tester le Hunter, qui allait devenir un avion de la FAé en 1957. Encadrés par le célèbre pilote d’essai anglais Neville Duke, les deux pilotes belges montèrent à 47 000 pieds avant de piquer pour acquérir la vitesse nécessaire à l’atteinte
de Mach 1. Ils devenaient ainsi les Belges les plus rapides et les premiers à franchir le mur du
son !
Le Major Van Lierde, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, engagé dans la RAF, termine la guerre avec plusieurs victoires à son actif, dont 37 bombes volantes abattues.
Le Capitaine Yves Bodart rejoint la RAF en 1943 après avoir été détenu en Espagne. Il est connu pour ses démonstrations en Gloster Meteor, qui lui valent une reconnaissance internationale.
Le premier vol supersonique au-dessus du territoire belge part de la base aérienne de Florennes : un moment historique !
Il faudra attendre le 30 août 1955 pour que le territoire belge soit survolé par des avions volant à Mach 1.
Ce jour-là, depuis la base aérienne de Florennes, le Major Branders et le Capitaine Laloux réalisent cet exploit à bord de leurs F-84F Thunderstreak, sur ordre du Général Leboutte, alors chef de la FAé.
Les deux pilotes n’avaient qu’environ deux heures de vol sur ce type d’appareil, ce qui rendait l’opération particulièrement risquée. Ils se sont donc retrouvés à affronter l’inconnu en tentant de franchir le mur du son.
Le premier véritable chasseur supersonique à entrer en service dans la FAé fut le F-104G Starfighter, opérationnel dès 1963, d’abord à Beauvechain, puis à Kleine Brogel. Le F-104G pouvait atteindre des altitudes très élevées (il battra ensuite de nombreux records) et des vitesses allant jusqu’à Mach 2.
Le Mirage 5 pouvait atteindre une vitesse maximale de Mach 2,2. Au début des années 1970, les F-84F et RF sont progressivement retirés du service. À partir de 1971, ils sont remplacés à Florennes et à Bierset par les Mirage 5 BA (version attaque au sol) et BR (version reconnaissance). Le Mirage 5, développé par Dassault, est un chasseur-bombardier supersonique dérivé du Mirage III.
En 1988, le F-16 Fighting Falcon entre en service à Florennes, en remplacement du Mirage 5. Bien que la plupart des avions de chasse soient déjà supersoniques à l’époque, le F-16 représente une avancée technologique majeure. Il peut atteindre une vitesse théorique de Mach 2,05, mais surtout, c’est le premier avion équipé d’un système de commandes de vol électriques (fly-by-wire), marquant une nouvelle ère en matière de manœuvrabilité et de pilotage.
Le F-35A Lightning II incarne une nouvelle révolution technologique pour notre armée de l’air. Bien que sa vitesse soit limitée à un “modeste” Mach 1,6, il compense largement par ses technologies furtives et ses capteurs avancés, lui permettant d’évoluer efficacement dans des environnements complexes et très contestés.
Les premiers F-35A belges sont entrés en service sur la base américaine de Luke Air Force Base en décembre 2024, et leur arrivée à Florennes est prévue pour octobre 2025.
Il serait trop long d’énumérer tous les avions supersoniques ayant marqué l’histoire de l’aviation. Voici cependant quelques repères :
Côté russe, le MiG-25 se distingue : capable d’atteindre la vitesse impressionnante de Mach 3,2, il a établi plusieurs records mondiaux de vitesse et de montée.
Côté français, le Dassault Mirage III reste célèbre pour avoir permis à
Jacqueline Auriol d’atteindre 2 038 km/h en 1963, dans sa fameuse “compétition” avec
l’autre Jacqueline, Jacqueline Cochran, qui pilotait un F-104.
Toujours en France, le Nord 1500 Griffon II, piloté par André Turcat, atteint
Mach 2,19 en 1959. Cet avion expérimental était l’un des projets les plus ambitieux de l’époque.
Côté américain, on se souvient des vitesses vertigineuses atteintes par le North American
X-15 : en octobre 1967, le pilote Pete Knight atteint 7 272 km/h (environ
Mach 6,7). Parmi les autres pilotes de ce légendaire appareil figure Neil Armstrong,
qui atteignit une vitesse de 6 400 km/h.
Toujours aux États-Unis, le SR-71 Blackbird, conçu pour la reconnaissance stratégique à très haute altitude, a atteint
3 529 km/h (Mach 3,3), tout en restant opérationnel pendant plusieurs
décennies.
Enfin, citons le colossal XB-70 Valkyrie, capable de voler à 3 309 km/h
(Mach 3), propulsé par six moteurs GE YJ-93, chacun développant 13 tonnes de poussée avec postcombustion.
Et ce ne sont là que quelques exemples emblématiques parmi tant d’autres...
© Benoit Denet
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