Les deux Commandants de base demandent le respect.

Un article est paru ce 13 octobre dans le journal « De Standaard » suite à l’accident impliquant un F-16 à la base aérienne de Florennes.  Les commandants des deux bases F-16 du pays ont réagi conjointement aux propos de l’article en écrivant une lettre aux lecteurs.  Cette lettre n’a pas été publiée.  En voici le contenu :

RESPECT

Dans votre édition du journal de ce week-end, vous avez signalé l’accident qui est survenu sur la base aérienne de Florennes, en mentionnant « l'incrédulité sur de nombreux visages à l'armée de l'air belge ». Tel était en effet notre réaction initiale lorsque nous avons entendu parler de cet accident.  Mais notre incrédulité était tout aussi grande lorsque nous avons lu le titre de cet article qui citait « La dernière blague belge ». 

Au cours de ces dix dernières années, les F-16 de la Composante Air ont été utilisés pour contrer des groupements extrémistes aux différents coins du monde comme en Afghanistan, en Libye et au Moyen-Orient.  Aujourd’hui encore, le personnel de la Composante Air participe à des missions de sécurisation de l'espace aérien afin de protéger les frontières de l’Europe, et ce jusqu’aux pays baltes. Les personnes responsables de la mise en œuvre de ces F-16 sont régulièrement citées en exemple par nos partenaires, tant pour le professionnalisme que pour la modestie avec lesquels elles s’acquittent de leurs tâches. C'est l'une des raisons pour lesquelles notre petit pays est toujours considéré comme un partenaire de sécurité fiable au sein de l'OTAN, malgré une contribution financière très inférieure à leurs attentes.

L’exécution de ces missions nécessite des opérations de maintenance très complexes de la part de nos techniciens, qui doivent manier des engins et équipements souvent très dangereux. Ces actions ne sont pas entièrement robotisées et qui dit intervention humaine dit aussi risque de failles. Plusieurs enquêtes indépendantes sont en cours pour déterminer les causes et les circonstances à l’origine de l’accident du 11 octobre. Les mesures appropriées seront prises très rapidement, à la fois pour prévenir un accident similaire dans le futur, mais aussi pour sanctionner les éventuelles fautes graves et intentionnelles. N’oublions cependant pas qu’il s’agit en définitive de militaires qui s’engagent pour votre sécurité, et qui méritent largement votre respect. Ils sont souvent séparés de leur foyer durant plusieurs mois, parfois dans des conditions particulièrement difficiles. Ils risquent leur vie au quotidien, notamment à Kandahar en Afghanistan où ils ont été exposés aux attaques au mortier. Parfois logés dans des camps de tentes au milieu du désert, ils travaillent de jour comme de nuit dans des conditions climatiques extrêmes allant de moins 25 durant la nuit à plus de 50 degrés le jour afin de mener à bien leur mission. C’est leur esprit d’équipe qui leur permet de tenir !

Lorsqu’ils sont en Belgique, ils préparent avec la même ardeur les avions pour l’entraînement et les missions nationales de sécurité aérienne, appelées police de l’air. Pourtant, vous ne les voyez jamais faire la grève. Au service de l’Etat, ils sont toujours prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes, en ne disposant parfois ni d’une infrastructure adaptée, ni d’un équipement à la pointe, comme dans certaines entreprises privées. Jour après jour, ils reviennent pour assurer leur mission, telles des personnes responsables qui connaissent le sens de leur vie. Vous pouvez ne pas accepter ce qu’ils font mais ils méritent au moins votre respect, comme tous les autres militaires qui donnent le meilleur d'eux-mêmes au quotidien. Le personnel de la Composante Terre assure la surveillance de nos rues et accomplit des missions délicates au Mali et en Irak. Notre corps médical soutient nos détachements partout dans le monde. Le personnel de la Marine surveille nos côtes et extrait des mines encore présentes depuis nos derniers conflits sur le territoire européen. Ils méritent tous votre respect. C’est la raison pour laquelle nous avons jugé opportun de réagir au titre de votre article. Nous sommes convaincus que les lecteurs de votre journal nous soutiendront dans cette démarche.